GEOGRAPHIE
Barbizon est un village de caractère, situé au Sud-Ouest de la Seine-et-Marne, à proximité de Fontainebleau ( 8 km ) et à 50 km de Paris. D’un accès facile par l’autoroute A6 ( sortie Fontainebleau ) ou par le train ( Gare de Melun ou Fontaineblau-Avon ). Barbizon a su garder son caractère de village authentique, où la Culture et la Nature se rencontrent. Barbizon est reconnu dans le monde entier pour être à l’origine de la peinture pré-impressionniste et son « école de Barbizon ». Dès 1830, le peintres de l’époque viennent chercher ici l’inspiration auprès d’une nature intacte, trouvant leurs sujets dans la campagne environnante ou la forêt de Fontainebleau.
Barbizon fait partie de la Communauté d’Agglomération du Pays de Fontainebleau et du Parc Naturel Régional du Gâtinais Français.
PEINTURE
L’angelus – Jean-François Millet
« Songe à Barbizon ! Cette histoire est sublime »
Cet extrait d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo résume l’importance et l’attrait de BARBIZON pour le mouvement des peintres paysagistes et plus particulièrement pour l’école de BARBIZON.
A l’origine, Barbizon est d’abord un simple hameau dépendant de Chailly-en-Bière, « un écart » qui réunit quelques âmes, des habitants perdus aux limites de la forêt.
Le 20 novembre 1903 est une date majeure dans l’histoire du village : Emile Loubet, le Président de la République, signe une loi qui érige le hameau de Barbizon, « distrait de Chailly-en-Bière », en municipalité distincte.
Au recensement de 1896, le hameau de Barbizon compte 376 habitants permanents. En 1901, on atteint le chiffre de 443 personnes.
La réputation touristique du village est déjà telle que des milliers de visiteurs, venus en tramway, affluent dans la Grande Rue à la belle saison. Cette année-là, 15 maisons et un grand hôtel ont été construits et l’on a relevé une affluence annuelle dépassant les 100 000 visiteurs.
Cette réputation, Barbizon la doit surtout à l’arrivée des peintres paysagistes . Une colonie d’artistes qui décida de s’installer au plus près de la nature pour la peindre et la considérer non pas comme un décor mais comme un objet . Cette aventure démarra avec l’arrivée de Théodore Rousseau en 1848.
Outre ses qualités d’artiste, on doit aussi à Rousseau de s’être engagé avec ses amis pour la défense de la forêt et la publication par l’empereur Naploéon III du premier décret de protection de la forêt . Le premier parc naturel était né !
Après Rousseau, arrive Jean-François Millet (1814-1875) qui s’installe à Barbizon en 1849 entraîné par son ami Charles Jacque (1813-1894), tous deux fuyant le choléra qui fait des ravages à Paris. Le peintre de L’Angélus (1859), tourné vers la Plaine, sanctifie l’humanité des paysans et révèle avec puissance la dureté de leur labeur.
Ils furent rapidement rejoints par nombre d’artistes qui s’installèrent pour la plupart à l’Auberge Ganne qui était alors le seul lieu d’accueil dans ce modeste hameau. Tous, avec leurs « portraits d’arbres » cherchent ainsi à immortaliser la beauté de la nature, libre et vraie. Avec ses nuances, ses couleurs, ses transformations au fil des saisons. Cette époque marque de début d’une peinture plus vraie , plus réaliste, plus proche de la nature et du mode agricole.
Ainsi est née, ce qui a été plus tard appelé « l’ Ecole de Barbizon » une période charnière qui a inspiré plus tard les « impressionnistes » . Van Gogh ne s’y était pas trompé quand il écrivit à son frère Théo « Songe à cette histoire, elle est sublime » .
IlS ne se sont jamais vus, jamais parlé. Pourtant, Jean-François Millet (1814-1875), pour Vincent Van Gogh (1853-1890), c´était Dieu le père. L´initiateur et le guide qui a influencé toute sa peinture.
Van Gogh le découvre à travers une exposition de dessins et de pastels à Paris. C´est le choc. Il écrit à son frère Théo : « Je ressentis quelque chose comme Enlevez vos souliers, vous êtes en Terre sainte . » Désormais, Millet est « le père ». Un homme pieux et sage qui sanctifie la vie simple. La preuve de l´existence de Dieu est dans cette nature et l´éternité dans les gestes des paysans toujours recommencés. Que ce soit le bûcheron qui fend le bois, la femme qui glane et fane ou le semeur, en plein dans le cycle des saisons et de la vie. Van Gogh se sentira toujours fidèle à cette nature-là et à son maître. Que ce soit en Hollande, à Arles, Saint-Rémy ou Auvers-sur-Oise. Au fil des ans, sa palette s´est éclairée pour flamboyer de blés d´or et de cieux azur.
En témoignage des artistes qui ont marqué cette époque, un parcours de 20 grandes mosaïques en verre de Venise, ont été installées dans la Grande Rue principalement, quelques-uns des chefs-d’œuvre de cette fameuse « Ecole » : Bodmer, Chaigneau, Corot, Daubigny, Dupré, Diaz de la Pena, Jacque, Millet, Rousseau, Troyon, Veyrassat, Ziem. On y trouvera aussi Constable, le fameux peintre paysagiste, précurseur anglais natif d’East Bergholt (1776- 1837), découvert à Paris en 1824, et bien sûr L’Angélus, face à la Plaine. Une sorte de musée en plein air pour leur rendre à tous un hommage plus coloré que les plaques commémoratives qui, apposées sur leurs maisons ou leurs ateliers à partir de 1895, en rappellent le souvenir.
L’évolution du village, son accessibilité depuis la capitale ont aussi profondément transformé les artistes peintres présents à Barbizon au début du XXe siècle. Certains ont voulu poursuivre la tradition de la peinture de paysage, d’autres venaient surtout pour s’y reposer de l’agitation parisienne.
BARBIZON, TERRE D’ÉCRIVAINS
La forêt et les peintres avant tout bien connu pour avoir attiré les peintres dès 1821. Barbizon l’est moins pour ses écrivains, ses romanciers, ses poètes. Il est vrai que les premiers auteurs romantiques qui viennent en forêt ne parlent pas du village mais de la forêt, de Franchard, du Bas-Bréau ou d’Apremont. Ainsi Georges Sand ou Musset.
De même, le poète Charles Baudelaire s’enthousiasme en 1846 pour Théodore Rousseau, : « M. Rousseau est un paysagiste du Nord. Sa peinture respire une grande mélancholie. Il aime les natures bleuâtres, les crépuscules, les couchers de soleil singuliers et trempés d’eau, les gros ombrages où circulent les brises, les grands jeux d’ombre et de lumière. Sa couleur est magnifique, mais non pas éclatante. Ses ciels sont incomparables pour leur mollesse floconneuse »
Flaubert fera de même : dans L’Education sentimentale (1869), il cite aussi Franchard, Apremont, la Caverne des brigands et même les artistes peintres « Un peintre en blouse bleue travaillait au pied d’un chêne, avec sa boîte à couleurs sur les genoux. Il leva la tête et les regarda passer »
Le premier roman qui évoque Barbizon est de la plume d’ Henry Murger, déjà connu pour les Scènes de la vie de bohème. Il s’intitule Scènes de campagne-Adeline Protat (1854).
Puis vinrent les frères Goncourt, qui connaissent bien Barbizon pour y être venus se documenter, en 1850, 1861 et surtout en juin et octobre 1865, période où ils achèvent la rédaction de leur grand roman Manette Salomon (1867)
L’écrivain écossais Robert Louis Stevenson (1850-1894), hébergé à l’Hôtel de l’Exposition (qui deviendra le Bas-Bréau), tombe lui aussi, amoureux de la forêt magique élevée au rang de « grande station thermale du moral »…
Enfin n’oublions pas Jacques Prévert qui fréquenta La Bergerie en 1929 et Jean Cocteau qui dans les années 30 vint à la Villa Bernard, la propriété du docteur Giroux, . Il y fréquenta le monde des lettres avec Jean Giraudoux, celui de la mode avec Coco Chanel et celui des arts avec Diaghilev.
SILENCE, ON TOURNE !
Dès 1905, la forêt attire les cinéastes en quête de décors pittoresques : Apremont, Franchard servent de cadre à plusieurs Vies du Christ et autres scènes historiques attirant les équipes et les acteurs. Barbizon les a vus passer très tôt. Ainsi en août 1926, Henri Etiévant tourne, avec son assistant Luis Bunuel, un film muet, La Sirène des Tropiques, dont la vedette est Joséphine Baker